Le petit foiler conçu pour favoriser l’apprentissage du vol à haute vitesse en monocoque sourit aux Suisses. Le team Okalys s’est imposé sur la Persico 69F Cup 2021 et a brillé sur le circuit dédié aux moins de 25 ans.

Texte : Vincent Gillioz

Développé pour servir de passerelle vers les plus grands foilers, notamment l’AC75, le Persico 69F est devenu une référence du vol en monocoque en seulement une saison. Des régatières et régatiers venus de nombreux horizons ont participé au premier championnat cette année. Le team Okalys faisait partie de ceux-ci. Il s’est payé le luxe de remporter la coupe au terme des quatre événements disputés entre mai et octobre. L’équipe Okalys Youth Project a également disputé le circuit dédié aux moins de 25 ans, avec un résultat final moins brillant, mais tout autant de succès durant la saison.

Concept innovant

Au-delà d’être un voilier adapté à un programme formateur mais exigeant, le Persico 69F est également un concept. Celui-ci propose des événements clé en main sous forme de packages complets avec prise en charge de toute la logistique et mise à disposition d’un bateau. Le concept a l’avantage d’être en phase avec les réflexions environnementales du moment, puisqu’il optimise l’utilisation de chaque unité. L’achat d’un bateau reste évidemment possible, comme l’a fait le team Okalys, mais le circuit U25 se dispute obligatoirement sur les voiliers de l’organisation.

Championnat senior en quatre actes

Les quatre rencontres de la Persico 69F Cup se sont disputées à Malcesine (lac de Garde), Porto Cervo (Sardaigne), Torbole (lac de Garde) et Puntaldia (Sardaigne). Deux épreuves ont été organisées sur chaque site et chacune d’entre elles a duré une semaine avec trois jours d’entraînement suivis de trois jours de compétition. Les concurrents pouvaient participer à une ou deux épreuves à chaque fois, en gardant le meilleur des deux résultats pour le classement général. Okalys, qui a navigué avec plusieurs équipages durant la saison, a terminé trois fois deuxième et une fois premier. Un score qui lui a permis de s’imposer début octobre, au terme d’une épreuve disputée dans des conditions musclées. Pour Arnaud Grange, cette victoire est évidemment réjouissante, mais ne constitue pas un exploit: «C’est une belle récompense pour notre engagement et nos résultats. Mais dans la mesure où toutes les équipes ne participent pas à toutes les manches de la coupe, le résultat salue surtout notre régularité et notre présence sur l’ensemble du circuit.» Le trophée a toutefois été accueilli avec une grande émotion après la disparition tragique, quelques semaines avant la finale, d’Hugo Fedrigucci (voir p.96), membre de l’équipage et promoteur de la classe en Suisse. Le comité d’organisation a d’ailleurs décidé de donner son nom au circuit de la Coupe 2021, en hommage à l’athlète.

Circuit junior relevé

En parallèle aux épreuves senior, la classe a également mis sur pied un circuit junior (U25), la Youth Foiling Gold Cup 2021, qui s’est disputé en trois événements exclusivement sur les bateaux de l’organisation. «Le niveau des juniors est largement plus relevé, a déclaré Arnaud Grange. Il y a tous les régatiers que je connais depuis que je fais de l’Optimist. Ça crée une très bonne ambiance, puisque c’est l’occasion de retrouver des gens que l’on côtoie sur plusieurs circuits depuis des années.» Le jeune skipper, qui vient de passer sa maturité et compte rejoindre l’université en octobre 2022, raconte encore que la plupart des participants visent des carrières professionnelles. «Je suis probablement le seul  » amateur » de la classe. Tous les autres sont dans des filières olympiques et naviguent sur des circuits pros le reste de l’année.»

Format particulier

Lors des rencontres, six régates sont disputées chaque jour. Chacune d’entre elles dure une quinzaine de minutes. L’organisation s’occupe du transfert des équipes sur les bateaux qui sont tirés au sort. Le système de classement est par contre assez peu limpide et même les équipages s’y perdent un peu. Par exemple, lors de la grande finale de Cagliari (Sardaigne), la dernière course comptait pratiquement pour la moitié des points de l’épreuve; ce qui a coûté cher aux jeunes d’Okalys Youth Project, qui ont justement écopé d’une pénalité au plus mauvais moment. Conçu pour conserver le suspense jusqu’à la dernière course, le système ne valorise pas vraiment la régularité. «Nous terminons 5e alors que nous étions 2e sur toute la finale, a conclu Arnaud Grange. C’est évidemment un peu frustrant, mais le niveau était élevé. La moitié des équipes pouvaient encore finir 2e avant la dernière course. Le jeu est le même pour tous.» Beau joueur, le skipper genevois reste motivé pour revenir sur le circuit U25 l’an prochain et tenter de faire mieux, ça va de soi.

Le 69F, c’est quoi?

Imaginé par Maciel Cicho Cicchetti et Dede De luca, le Persico 69F a été conçu par les architectes Nahuel Wilson et Laureano Marquinez. Monocoque, il mesure 6,90 m de long, et 2,10 m de large (3,58 avec échelles), et est équipé de 2 foils en V, d’un safran en T et d’une dérive. Sa surface de voile est de 40 m2 au près et 78 m2 au portant avec un gennaker qui vient sur un bout-dehors télescopique. Il pèse 360 kg, plus 270 kg d’équipage, et est mené par trois personnes. Il décolle avec 8 nœuds de vent et peut naviguer à 35 nœuds (record du bateau). Les équipages ne sont pas autorisés à réaliser des travaux sur leurs bateaux. Seules les équipes du chantier peuvent intervenir, afin de garantir le respect strict de la monotypie.