© Jean-Marie Liot

Rompu à des organisations d’envergure comme le Dakar et le Tour de France cycliste, ASO (Amaury Sport Organisation) a repris au pied levé le Tour de France à la Voile l’an dernier. L’objectif de ce leader en management sportif est d’en faire une manifestation phare de l’été. Cette année, après avoir mené une édition « en blanc » en 2012, ASO revient avec de nombreuses améliorations, et surtout des moyens pour atteindre ses cibles. « Nous avons deux buts, explique Baptiste Kern, le directeur de l’événement. Augmenter la qualité du plateau, en faisant venir des stars de la voile, tout en gardant l’esprit du Tour où amateurs et étudiants côtoient les grands noms. Cet aspect fait partie de l’ADN de l’épreuve, et nous allons faire tout notre possible pour que les grandes écoles reviennent. Nous voulons également en faire une grande fête populaire à terre, avec des animations appropriées pour tout le monde, pour les familles, les vacanciers. » Un projet de type caravane publicitaire est également planifié, à l’image de ce qui se fait pour le cyclisme. Des activités spécifiques aux plages font encore partie du programme : « Les villes que nous traversons ont toutes de belles plages, sur lesquelles nous allons être présents. »

Ville de Genève-Carrefour Addiction sera une nouvelle fois présent sur ce Tour de France à la voile, de même que Bienne Voile. Voir les vidéos quotidiennes sur Skippers.tv © Jean-Marie Liot
Projet ambitieux

Décrit de la sorte, le projet peut paraître ambitieux, et d’autres organisateurs, motivés par le même objectif, n’ont jamais réussi à donner à cette course l’aura qu’elle mérite. Il ne fait toutefois aucun doute qu’ASO soit suffisamment solide et expérimenté pour faire changer les choses, et surtout apporter son savoir-faire assez exceptionnel dans cette épreuve. « L’itinérance est un de nos points forts, relève encore Baptiste Kern. Avec l’expérience d’événements comme le Dakar ou le Tour de France à la voile, nous savons parfaitement comment livrer un produit nomade de qualité. » Côté régate, le directeur du Tour reconnaît volontiers le manque de connaissances en la matière : « Comme nous souhaitons être une course de référence, et que la crédibilité sportive est primordiale, nous avons été chercher des compétences à la Fédération Française de Voile pour gérer cet aspect. »

ASO compte donner une nouvelle dimension au village du Tour. © Jean-Marie Liot

L’internationalisation du Tour, qui a toujours été une préoccupation des organisateurs n’est également pas laissée de côté, et les escales de Breskens aux Pays-Bas et Roses en Espagne devraient contribuer à faire sortir des frontières de l’hexagone cette régate très franco-française.

À l’écoute des coureurs

Côté équipages, on se réjouit bien sûr de la motivation du nouvel organisateur. « On sent qu’ils s’investissent au maximum, constate Elodie-Jane Mettraux, skipper du voilier Ville de Genève-Carrefour Addiction. Nous avons rencontré des gens du Tour sur la plupart des régates de la saison de M34, comme le Spi-Ouest France. C’est la preuve qu’ils font le maximum pour apprendre à connaître le milieu. » La volonté de tenir compte des desiderata des coureurs est, toujours selon la nouvelle responsable du Centre d’Entraînement à la Régate, clairement affichée. Les questions relatives au confort des assistances ont été entendues, et des mesures ont déjà été prises l’an dernier. D’autres devraient suivre cette année. « Peut-être que tout ne sera pas idéal, mais l’esprit est très positif, et vraiment différent de la précédente organisation. »

De gauche à droite, Jean-Baptiste Durier, Yann Le Moenner, Daniel Souben, Franck Cammas, Thomas Coville et Baptiste Kern. © P. Ballet
De nombreuses animations sont prévues en marge du Tour de France, notamment des concerts. © Jean-Marie Liot

À ce stade, l’objectif du plateau de qualité est largement atteint, puisque Franck Cammas, Corentin Douget, Thomas Coville ou Nicolas Troussel sont inscrits à la course. La question des amateurs et étudiants doit par contre encore trouver des réponses à plus long terme. Sur les treize équipes engagées, on ne compte que cinq amateurs et aucun étudiant. Le choix du M34 il y a trois ans est clairement un facteur qui a découragé de nombreuses équipes, d’autant plus que le bateau n’est pas vraiment apprécié. Mais pour la plupart des acteurs, changer aujourd’hui serait pire pour la course, et il est préférable d’apprendre à vivre avec. Pour Baptiste Kern, « un Tour de France à 20-25 voiliers » est un objectif raisonnable. L’avenir nous dira si ASO réussit son pari. Quoi qu’il en soit, aucun organisateur de course ne peut aujourd’hui se targuer d’augmenter son nombre de participants. Le Tour de France est à la même enseigne que tout le monde.